Inscrit au titre des monuments historiques, le superbe restaurant Prunier de l’Avenue Victor Hugo vient d’être revampé par l’architecte d’intérieur Alexandra Saguet, épaulée par les Studios Gohard et L’Atelier du Mur. Forts d’un savoir-faire artisanal de haut vol, ces deux maisons qui flirtent avec les métiers d’art, y ravivent les mouleurs, les fresques Art Déco, les tissus précieux signés Pierre Frey…
A la place des salons d’antan qui ont vu défiler les plus grands artistes du siècle dernier, l’étage gagne de
nouvelles teintes subtiles. Témoin feutré de déjeuners et de dîners entre intimes, le lieu se privatise selon
les envies. A la croisée du triangle d’or, ce renouveau décor donne une furieuse envie de retrouver cette
institution parisienne. Parce que déguster du caviar est toujours une perspective réjouissante, l’ambiance
du lieu se veut plus légère.
Pour réveiller la carte de ce palais des palais, Yannick Alléno n’hésite pas à décliner les grands classiques de la Maison, en autant de recettes contemporaines, capables d’aimanter les palais exigeants et chatouiller les madeleines de Proust. Au cœur de la nouvelle carte, le caviar, dûment produit par la Maison dans sa Manufacture d’esturgeons à quelques encablures de Saint-Emilion, se décline sous toutes les formes.
Tous deux soucieux de développer une gastronomie responsable et respectueuse de l’environnement, le chef et la Maison respectent les saisons tout en faisant voyager les papilles. Armés de petites cuillères en nacres, les visiteurs ont le choix de les plonger dans une myriade de variétés de caviars : le Prunier Saint- James rond aux grains soyeux, le Prunier Malossol dont l’intensité des notes salées perdurent en bouche ou encore ses Osciètres avec le Prunier noir et le Prunier Héritage, à déguster purs ou lovés sur des blinis moelleux maison comme l’aimait Yves Saint Laurent.
Autre incontournable de la maison, le légendaire œuf Christian Dior, délicatement posé sur une gelée fine et coiffé de caviar, parade au menu aux côtés d’huîtres au lait d’amande à l’aneth, de homard grillé, de fettucine alle vongole, de saumon en gelée de Chardonnay ou encore de bar de ligne et de sole Meunière.
Last but not least, le chariot de desserts qui réveille les souvenirs gourmands de l’enfance… On s’émerveille devant un Napoléon en mille-feuille, un éclair au chocolat grand cru, une glace crémeuse recouverte de chouquettes et de fruits rouges, un chou à la vanille ou encore une ribambelle de petites tartes. Le choix devient vite cornélien.
Que l’on souhaite profiter du banc d’écailler pour un déjeuner de famille joyeux, siroter du Champagne, en dégustant des blinis au caviar lors d’un premier rendez-vous prometteur, dîners en bonne compagnie, à l’étage, à deux pas de la faune mode qui trinque au début de la Fashion Week, Prunier, qui souffle en 2022 ses 150 bougies, se veut encore et toujours le nid éclatant des âmes artistiques, des écrivains, d’une nouvelle génération dans la lumière et des globe-trotteurs aguerris de passage à Paris.