Souvent négligée par les voyageurs français se ruant qui à Capri, qui à Positano, Sorrento est pourtant une des plus jolies villes qui longent la célèbre Costiera Amalfitana. D’autant plus qu’elle sert d’écrin à une pépite de l’hôtellerie d’exception, et ce depuis 1834.
Idéalement, situé au cœur de la ville, dominant la mer à plus de 180°, le Grand Hotel Excelsior Vittoria accueille ses visiteurs par un élégant portail de fer forgé donnant directement sur le Corso Italia, passage obligé pour accéder à la vieille ville. Passées les grilles ouvragées, on pénètre dans un véritable jardin d’Eden bordé de colonnes antiques, témoins du passé retrouvés lors de travaux dans le parc. Les pergolas chargées de fleurs aux parfums d’agrumes invitent le visiteur à s’aventurer plus loin, vers les 3 bâtiments alignés au bout de l’allée, faisant face à la Méditerranée, avec Naples et le Vésuve pour toile de fond. Le rêve peut commencer.
L’histoire de l’hôtel se raconte justement au travers de trois demeures contiguës, la palladienne Villa Vittoria, élevée en 1834, et nommée ainsi en l’honneur de la reine Victoria de Suède, qui aimait y descendre; La Favorita, à l’architecture faisant référence à celle d’un chalet suisse, tout en s’insérant contre toute attente parfaitement dans le décor, fut quant à elle terminée en 1875. Troisième et ultime bâtisse, La Villa Rivale, achevée en 1882, complète harmonieusement cet ensemble unique en son genre, comme suspendu entre le ciel et la mer, au milieu d’un luxuriant jardin.
Tandis que le chasseur s’empare de nos bagages, nous descendons les quelques marches menant à l’entrée de l’hôtel, sous une élégante marquise toute de verre et fer forgé, et nous pénétrons dans l’hôtel. Ici, avec pour fond le bleu Méditerranée, le lobby invite le visiteur à se diriger d’une part vers la réception, de l’autre vers la conciergerie Clés d’Or, et en face dans ce qui constitue sans aucun doute le plus beau jardin d’hiver de la côte amalfitaine, en témoignent les superbes ensemble de fauteuils Art Déco d’origine, qui virent défiler Sissi, Lucio Dalla, Richard Wagner, Pavarotti, la Princesse Margaret, pour ne citer que les plus célèbres…
Avant de passer dans les étages, un petit tour des lieux s’impose. L’élégant Bar Vittoria, au décor d’origine, est un passage obligé. Attenant au Jardin d’Hiver, il dessert le confortable Salon de Lecture. L’ensemble mène à la sublime Terrazza Vittoria, point névralgique de l’hôtel, où les hôtes comme les visiteurs de passage aiment à se retrouver à toute heure de la journée, et notamment le soir, pour y admirer un coucher de soleil chaque jour différent, face à la mer et au Vésuve, de l’autre côté de la baie, en sirotant un cocktail, le Guido Royal de préférence, inventé par le célèbre Colin Field en 2013, chef barman du Bar Hemingway au Ritz Paris, qui nous fut conseillé par le maître des lieux lui-même, Guido Fiorentino, 6e génération à la tête de l’établissement.
Notre check-in effectué, nous voici au deuxième étage de la Villa Vittoria, suite 205. Si les 79 chambres et suites sont dispersées au gré des étages des trois bâtiments, certaines faisant face à la mer, d’autres dominant les jardins de l’hôtel et sa piscine, chacune offre un style quasiment unique, permettant à ceux qui aiment revenir au Grand Hotel Excelsior Vittoria de vivre à chaque séjour une expérience différente. Mais revenons d’abord suite 205. Il ne s’agit pas de n’importe quelle suite.
Faisant partie des One of a Kind Suites, rendant hommage à chacun de leurs illustres hôtes, du Prince de Galles, futur roi Edward VII à Luciano Pavarotti en passant par Lucio Dalla, Jack Lemmon qui séjourna durant le tournage du film de Billy Wilder, Avanti, qui donne son nom à la suite, la suite 205 fut autrefois celle de la Princesse Margaret. En visite à Sorrento en mai 1949, la sœur de la reine Elisabeth fut séduite par le Grand Hotel Excelsior Vittoria, et les propriétaires lui rendirent hommage en renommant la suite 205 Margareth Suite en souvenir de ce séjour princier.
Avec ses quelques 80m², cette suite aux hauts plafonds peints s’ouvrant sur une vaste terrasse dominant la Méditerranée, est meublée avec élégance et raffinement, sans se déparer de tout le confort actuel. Habitée, on y trouve sur les consoles et tablettes de marbres des imposantes commodes des photos évoquant la visite princière. Les dressing closets aux larges proportions invitent à un long séjour, toute l’année, puisque l’hôtel est ouvert 9 mois sur 12, ne fermant qu’après le nouvel an pour rouvrir de nouveau en avril.
Outre le confortable salon invitant au repos ou à la conversation, la suite se veut un véritable appartement à vivre, avec son immense salle de bains de marbre offrant une vaste baignoire sur pieds, une douche italienne toute de verre et marbre, équipée de tous les objets indispensables pour un séjour parfait, d’un sèche-cheveu Dyson à un télévision Bang & Olufsen, soit le meilleur, vous l’aurez compris. Tandis que le bouchon de la bouteille de champagne saute, on s’attable sur la terrasse ombragée au murs ocres pour admirer et se sentir un peu comme la Princesse Margaret en son temps…
Le soleil couché, on délaisse pour quelques heures les flots du Mare Nostrum pour s’aventurer dans les allées paisibles bordées de citronniers et autres agrumes, dans le jardin de l’hôtel, pour s’attabler à L’Orangerie, attenant à la piscine. Table décontractée du Grand Hotel Excelsior Vittoria, dirigée par Alfonso Somma, L’Orangerie est ouverte à la fois sur le jardin, sur la piscine, mais aussi sur la ville, avec son entrée dédiée. Chef Exécutif de l’hôtel, Antonino Montefusco a souhaité ici donner à vivre à chaque convive l’expérience d’une Italie gourmande et simple, proche de son terroir.
On y dîne ce soir face à la cuisine ouverte, avec son four à bois d’où sortent des pizze d’anthologie, dont la plupart des ingrédients qui les ornent proviennent du jardin potager attenant, où l’on cultive tomates, aubergines, courgettes, mais aussi les herbes, comme l’incontournable basilic dont le parfum embaume l’air du soir. Si L’Orangerie se vit tout au long de la journée, offrant aux vacanciers lézardant au bord de la piscine la possibilité de grignoter à toute heure une salade ou quelques sandwiches aussi colorés que savoureux, le soir est propice à la découverte de quelques classiques, comme le sublime risotto aux crevettes cuites et crues, ou les gnocchi alla Sorrentina, puisque justement nous sommes à Sorrento.
Après une excellente nuit dans le confort de la Margareth Suite, et un somptueux petit déjeuner servi dans le non moins somptueux Salon Vittoria, où les fresques ornant les plafond voutés répondent au bleu de la Méditerranée (toujours!), direction La Serra, pour débuter la journée entre les mains des praticiennes du Spa, qui opèrent ici dans l’une des deux salles de soin, une solo et une duo, s’ouvrant sur un paisible jardin clos, en utilisant les produits Valmont, dont nous ne vous présentons plus l’excellence. Ici, tandis que le temps s’arrête, on se laisse aller à leurs mains expertes, qui pour un soin visage Pureté des Alpes qui pour un massage aromatique. Inutile de préciser que l’on ressort immensément apaisé, et non sans avoir pris un autre rendez-vous pour le lendemain !
Plusieurs options s’offrent ensuite pour poursuivre la journée. Les plus oisifs apprécieront le farniente à l’ombre d’un pain parasol entre deux baignades dans la piscine, les sportifs pourront privatiser la salle de fitness pour s’entrainer en vue de la rentrée, les aventuriers prendront l’ascenseur pour le port en vue d’une journée en mer organisée par les concierges à bord d’un bateau privé, et les férus de culture iront se perdre dans les ruelles de Sorrento, à la découverte des petites églises baroques qui semblent ici aussi nombreuses qu’il y a de saints dans le calendrier, sans omettre de visiter le ravissant Chiostro San Francesco, cloître franciscain à la beauté saisissante.
Et puisqu’une expérience au Grand Hotel Excelsior Vittoria ne saurait se passer d’une table d’exception, rendez-vous ce soir après un apéritif au champagne bar La Pergola, situé à l’entrée du domaine, à La Terrazza Bosquet, 1 étoile Michelin, fief du sémillant Antonino Montefusco, qui nous révèle ici, le temps d’un dîner, l’étendue de ses talents, sublimant le registre culinaire transalpin, tout en jouissant d’une vue imprenable sur le couchant, tandis qu’en salle (à ciel ouvert), Giuseppe Sorrentino, maître d’hôtel, et le chef sommelier Natale Sicignano, jouent également leur partition sans la moindre fausse note, en accord avec celles qui résonnent sur la Terrazza Vittoria, plus haut, celles d’un célèbre chanson qu’écrivit un jour Lucio Dalla, ici, au Grand Hotel Excelsior Vittoria : Caruso… Le rêve est bien réel !