Dans les Batignolles, le petit grand hôtel de la rue des Dames a gardé son nom, sa cour arborée et son pavillon. Et pour cause, Élodie, Pierre Moussié et Sophie Richard ont choisi de composer avec l’histoire des lieux pour mieux l’enrichir. Pas de table rase du passé donc, mais, dans les 26 chambres, salons, restaurant et jardin de cette maison de campagne en ville, une accumulation de références aux adresses et personnalités que les créateurs de l’Hôtel Providence affectionnent.

Ici, les curiosités de la demeure de Victor Hugo à Guernesey, à l’origine de l’éclectisme sans œillère de L’Eldorado ; là, l’atmosphère désuète d’institutions familiales de province, dont le sens de l’accueil et la générosité ont guidé les façons de l’hôtel des Batignolles… En somme, un impressionnant travail d’ensemblier ; avec, à la clef, de très nombreux savoir-faire d’artisans (marbrier, ébéniste, serrurier, ferronnier, passementier, tapissier…) et autant d’éléments décoratifs ciselés : réinterprétations contemporaines de tentures victoriennes, mobilier aux détails néoclassiques d’après-guerre, chinoiseries brocantées…

Partout, les styles, les époques, s’accumulent, se répondent, et le charme s’installe, aidé en cela par une élégance certaine et un confort ouaté. Au n°18, un nouvel établissement aux allures de vieille institution se fait jour. À l’ombre d’un palmier, en fond de jardin arboré, une maison à part, au sens propre comme figuré. Là, une sonnette de service, un salon-bibliothèque dînatoire et 4 chambres au même style hétéroclite sans âge garantissent les vues sur la verdure et le confort à tous les étages, voire une indépendance totale pour celles et ceux qui souhaiteraient réserver cette vraie-fausse annexe dans son entièreté.

Comme dans toute bonne maison, L’Eldorado offre le couvert. Dans le cas présent, 60 places au jardin d’hiver, en lieu et place de l’ancien Bistrot des Dames, et autant dans la cour. Ici et là, 7j sur 7, du petit déjeuner aux derniers verres, tables nappées, plateaux d’argent, service frappé, garçons à l’écoute, accueillent comme il se doit, et avec la même attention, le Tout-Paris, qu’il réside ici ou non.

Dans les assiettes, clubs-sandwichs, soles meunières, vol-au-vent, saint-honoré… font le grand écart, entre lèche-doigts du room service et classiques du répertoire bourgeois, sans cesse revus, au rythme des saisons et des nouveaux arrivages de producteurs triés sur le volet. Sur l’arrière de l’hôtel, face à son salon d’hiver, la cour et son jardin cultivent le charme de la discrétion.