Il faut parfois peu de gestes pour franchir un seuil. Celui du Mandarin Oriental, Paris s’effectue dans un silence rare, au détour d’un passage discret. Quelques pas suffisent pour quitter le tumulte du premier arrondissement et pénétrer un monde qui conjugue avec justesse l’épure orientale et l’élégance parisienne.
L’architecture, signée Jean-Michel Wilmotte, épouse avec subtilité les codes du quartier : façade Art déco, matériaux nobles, dialogue entre minéral et végétal. L’intérieur, conçu par Sybille de Margerie, convoque l’esprit de la haute couture. Couleurs de poudre, détails brodés, rythmes feutrés : les espaces se répondent dans une chorégraphie mesurée de la lumière et du silence.
135 chambres et suites, dont certaines parmi les plus vastes de la capitale, offrent une interprétation personnelle du luxe : matières choisies (bois sombre, laque pâle, soie et velours), photographies signées Ali Mahdavi ou Jean-Baptiste Huynh, et salles de bain pensées comme des salons d’eau — entre marbre blanc, cuir gaufré et mosaïque précieuse.
Les suites en duplex ou les penthouses panoramiques révèlent des vues embrassant Paris, de l’Opéra à la Tour Eiffel. Au sommet, Le Parisian Apartment, conçu comme un pied-à-terre haussmannien réinventé, déploie sur 430 m² l’idée d’un chez-soi suspendu dans la lumière.
À l’image de la fleur dont il porte le nom, Camélia se dévoile par touches : une salle baignée de lumière, une terrasse invisible depuis la rue, et une cuisine en clair-obscur. Les lignes de Patrick Jouin et Sanjit Manku épousent le végétal, comme si le jardin intérieur avait glissé à l’intérieur. Dans l’assiette, une bistronomie limpide, portée par les saisons et les herbes du potager maison : basilic, shiso, verveine, menthe, tarragon. Tout est ciselé mais jamais contraint.
Le petit-déjeuner s’étire jusqu’à midi. Le déjeuner se prolonge à l’ombre des magnolias. Et l’Afternoon Tea, composé par Julien Dugourd, devient une forme de poésie pâtissière, entre madeleines ourlées et tartelettes haute couture.
Pour poursuivre cette découverte, Il faut descendre un peu, s’extraire davantage. Le Spa du Mandarin Oriental, Paris se mérite comme un secret bien gardé : 900 m², sept suites, une piscine intérieure nacrée, et un silence plus dense encore que celui des chambres.
Les soins y sont pensés comme des compositions personnalisées, entre médecine orientale, aromathérapie et cosmétiques haute technologie (111Skin, Nescens, Seed to Skin). Chaque traitement commence par un échange, une écoute, puis s’écrit à quatre mains ou en solo, selon l’énergie du moment.
Les parois en fleurs stylisées, les mosaïques incrustées d’argent, les alcôves de repos colorées : tout ici évoque un jardin onirique replié sur lui-même. Un hammam, un espace fitness aux lignes douces, des coachs privés, complètent le parcours.
Mandarin Oriental, Paris ne se décrit pas. Il s’éprouve, lentement. Comme une pièce de couture que l’on aurait envie d’habiter.